L'image est sans consistance, elle contribue à nous infantiliser.

Publié le par PP GIRARD

Deux évènements tragiques et contemporains, comportant à priori quelques similitudes :

    Dépêche AFP relayée par l'ensemble des médias qui nous montrent l'évènement à la fois  dramatique , et tragique eu égard à la mort de personnes : " Des manifestations contre la publication de caricatures du prophète Mahomet en Europe ont dégénéré samedi 18 février en violences interconfessionnelles qui ont fait 16 morts dans le nord du Nigeria, dont 15 dans la ville de Maiduguri, a annoncé la police." Le monde du 19 fevrier 2006.

    J'ai regardé lundi 13 février sur ARTE l'excellent film de Paul Greengrass, bloody sunday, qui  essaie de recréer au plus près l'enchaînement des événements du 30 janvier 72, dans la ville de Derry, une manifestation pacifique de la population pour les droits civiques, arrêtée dans un bain de sang par les troupes de l'armée britannique qui répondent aux jets de pierres par des tirs dans la foule. Le bilan est de treize morts et de 14 blessés : ce "bloody sunday" marque symboliquement le début de la guerre civile en Irlande du Nord.

Ce n'est pas tant les raisons de ces tragédies qui m'interpellent, non, je m'interroge sur le pourquoi et le comment nous sommes interpellés à la fois de façon émotionnelle et passionnelle par les images qui nous voyons :

        - Pourquoi le film de Greengrass nous amène à réfléchir à l'infinie?
        - Pourquoi finalement, au regard des émeutes au Nigeria, nous zappons rapidement,               pour  finalement oublier ?
        - Quelle visibilité, quelle lisibilité avons nous de ces evenements face à ces images ?

Nous sommes  plus "sensibles" (interessés) aux évènements  proches de nous, (espace), nous sommes plus sensibles face au sensible !

Les médias nous montrent des évènements, des images d'une réalité, images  sur lesquelles nous n'avons aucune "prise". Pas de sens à ces images, un simple décodage "automatique" nous permet de situer ces images dans un contexte. L' image n'est rien, insipide, sans consistance. En tant qu' industrie de la communication, les médias ne font que montrer des images, et contribuent à nous infantiliser : "regardes, fermes là, on s'occupe de tout..." .

Ce qui nous permet de réagir  de façon émotionnelle et passionnelle, ce qui nous permet d'avoir une réflexion en profondeur, de mener une analyse à l'infinie, c'est la recherche du sens, la possibilité de déchiffrer l'énigme.
Godart
disait de l'image dans le cinéma : "le sens de ce que l'on voit  se situe entre deux images", média: entre les deux...


Le cinéma en tant que créateur d'image d'art,
nous invite à découvrir le sens de l'oeuvre, caché entre deux images, de mener un réflexion  sans fin et sans limite sur les sujets qu' il déroule devant nos yeux, le cinéma, ou toute autre forme d'art comme un tableau de Picasso, une sculture de Turino... Voilà pourquoi, le film de Paul Greengrass, "nous prend aux trippes" !

Un grand pas, de plus,  vers l'autonomie.

Publié dans SOCIETE

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article